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Au mois de décembre, Laura, volontaire en Service Civique, a eu l’idée de lancer une collecte pour les migrants de Calais en partenariat avec un collectif de bénévoles ayant l’habitude de se rendre sur place. Nous avons donc lancé un événement Facebook pour relayer notre action et les dons ont dépassé nos attentes, notre petite pièce de stockage était submergée par les cartons, qui s’empilaient du sol au plafond!
Nous avons reçu beaucoup de vêtements, mais aussi de nombreux livres d’école ainsi que des stylos, des sacs, des denrées alimentaires et des produits d’hygiène. Après avoir reçu tous ces dons, nous nous sommes mises au travail de tri et avons séparé les vêtements pour hommes, femmes et enfants, les avons trié par taille … afin de faciliter la distribution.
Trois jours avant de partir, nous avons chargé la voiture et vu son chargement, nous n’étions pas certaines d’arriver jusqu’à Calais!
Nous sommes parties à 3 volontaires: Laura, Léna et Marie, le mercredi 3 février et nous avons retrouvé les bénévoles de Collecte dans la Somme pour les migrants de Calais. Nous avons donc découvert la fameuse « jungle » et ses habitants, que nous voyons tellement à la télévision, mais qui devient une réalité quand on la voit de nos propres yeux. En effet, voir tant de « baraquements » entassés dans un terrain vague, entre les flaques d’eau et les mares de gadoue replace les choses dans leur contexte.
Nous avons passé la matinée dans le camp afghan et étions surprises de constater que de nombreux « commerces » avaient fleuri : en effet, des épiceries bordent la « rue » principale, vendant gâteaux secs, chips, bouteilles d’eau ou même des kebabs !
Malgré le froid et la pluie, les gens avaient l’air content de nous voir : la plupart nous a souri et dit bonjour, en français ou en anglais.
Le temps que le collectif de bénévoles s’organise et trouve une famille récemment arrivée afin de leur fournir palettes et couvertures pour construire leur abri de fortune, nous avons attendons aux « Idiots 3 », un restaurant monté par Assan, un migrant qui a pour rêve d’ouvrir un restaurant indien à Paris. La gentillesse et la bonne humeur de ce monsieur et de son cuisinier nous ont fait passer un très bon moment à l’abri du vent et de la pluie. Assan s’amuse avec les quelques mots de français qu’il a appris ça et là : « bonjour, ça va ? Mesdemoiselles, vous êtes jolies ! (rires) ». Il nous offre un thé au lait à chacun (nous étions 11 !) et refuse que nous le payons… Il acceptera finalement une boîte de thé en guise de paiement.
La camionnette arrive enfin et nous pouvons commencer la distribution des dons : les palettes de bois sont très vite données, ainsi que les matelas récupérés par les bénévoles du collectif. Un attroupement se forme rapidement autour du camion. Je dois dire que nous nous attendions toutes les trois à être bousculées durant la distribution, mais il n’en fut rien : les mains se tendent vers les vêtements proposés. Celui qui l’attrape le garde, s’éloigne et l’essaie, les autres restent jusqu’à trouver ce dont ils ont besoin. A un moment, le ton monte : un migrant intervient et demande à deux autres de se calmer, ce qu’ils font immédiatement. La distribution reprend son cours, à nouveau dans le calme. Un migrant prévenant est même venu s’adresser à nous en nous recommandant, en anglais, de ne pas laisser nos poches ouvertes afin de ne pas prendre le risque de se faire voler nos téléphones.
Au cours de la distribution, de nombreuses personnes viennent nous parler, nous demandent d’où nous venons, ce que nous faisons dans la vie. Tous sont respectueux et souriant, nous échangeons comme nous pouvons, certains parlant à peine l’anglais.
L’après-midi, nous nous rendons dans le camp pakistanais-soudanais, afin de livrer les dons de Concordia. Là encore, nous commençons la distribution avec trois ou quatre personnes, puis rapidement, le groupe s’élargit, mais sans violence.
Les dons étant donnés, nous nous accordons une pause près des véhicules. Un migrant nous fixe du regard depuis quelques minutes. Il s’approche finalement et engage timidement la conversation, dans un anglais très approximatif. Il s’appelle Arif, il attend dans la jungle depuis 16 mois et s’est cassé les deux jambes dans son périple pour atteindre la France. Après une dizaine de minutes à « discuter », il nous invite à prendre le thé dans la maison dans laquelle il vit avec quatre autres hommes. Il insiste, alors nous acceptons.
(Marie, Arif, Léna et Sadaquat)
L’intérieur de leur maison est tapissée de couvertures, le vent ne passe pas. Il y fait même plutôt bon (enfin, quand on a deux pulls sur soi et un manteau…) Arif nous propose de nous installer sur un matelas au sol et nous met un plaid sur les genoux. Son ami, Sadaqat, qui parle un anglais quasi-parfait, nous fait chauffer du thé au lait, ouvre une boîte de biscuits et nous les propose. S’en suit un long échange sur leurs conditions de départ, d’arrivée et de vie dans la jungle, les attentes qu’ils avaient avant de quitter leur pays, les difficultés rencontrées pour rejoindre l’Angleterre, l’insécurité de la vie dans la jungle… Nous nous retrouvons à court de mots. Imaginez, traverser le monde entier en quête d’une vie meilleure, et se retrouver parqués, comme des animaux, vivant dans le vent et la boue, dans l’attente et l’espoir qu’on les laisse un jour passer en Angleterre…
Nous devons à présent partir.
Sur le chemin du retour, nous parlons peu dans la voiture. Les images et les mots de la journée nous ont laissé un sentiment d’impuissance.
Je crois que pendant quelques temps, nous relativiserons tout ; nous qui avions l’habitude de nous plaindre du froid dans les locaux de Concordia Picardie-NPDC, nous ne pouvons plus le faire sans penser à eux.
Publié le jeudi 04 février 2016 à 14:40:00
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