Concordia - Welcome Refugees : formation à Berlin

Welcome Refugees : formation à Berlin

Je m’appelle Marie, j’ai 23 ans, et je suis actuellement en Service Civique à Concordia (délégation Picardie-NPDC, pour vous servir !) sur la mission « éducation et sensibilisation à la préservation de l’environnement ». J’ai connu Concordia par l’intermédiaire d’une amie qui y a fait un service civique et qui me l’a fortement conseillé.

J’ai décidé de m’inscrire à la formation Welcome Refugees suite à une collecte de dons effectuée avec Concordia, dons que nous avons par la suite apporté aux migrants de la « Jungle » de Calais (vous trouverez notre article sur ce projet ici ).

J’ai toujours considéré qu’il fallait aider ces gens qui fuient la guerre, les mauvaises conditions de vie, leur pays, parfois même en laissant leur famille derrière eux. Après tout, plus que des hommes et des femmes, plus que des français, plus que des citoyens européens, nous sommes des êtres humains, et ceux qui fuient le sont aussi. Cette seule raison devrait pousser nos gouvernements à agir pour aider les gens victimes de la guerre. Dans cette formation, je pensais trouver une réponse concrète, des techniques à mettre en place pour, peut-être, apporter mon aide aux réfugiés.

La formation avait pour but de  former des campleaders sur 5 chantiers organisés dans des camps de réfugiés afin d’animer leur été. Ainsi, la formation a abordé 2 thèmes principaux : la communication non-violente (avec Maik) et l’intégration (avec Christoph).

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Maik est intervenu mercredi et jeudi pour nous former à reconnaître toute forme de violence (intentionnelle et non intentionnelle, physique et psychologique) à travers divers exercices que j’ai trouvé très pertinents : Maik est très pédagogue, il sait comment amener les gens à donner la bonne réponse sans donner lui-même la solution.

Par exemple, il nous a fait installer des chaises en rond, les participants devaient s’installer à l’intérieur du cercle. Une participante n’a pas de chaise et doit essayer de s’asseoir sur une chaise, mais les autres l’en empêchent. Cet exercice est un bon exemple de violence (pourtant aucune violence physique n’est manifestée). Suite à cet exercice, nous avons débriefé : même s’il s’agit d’un jeu, au bout d’un moment, si les participants s’amusent à rejeter la personne sans chaise, cette dernière s’est vite lassée, et trouver une chaise n’était plus un jeu pour elle : c’était un objectif à atteindre pour être réintégrée au groupe, et c’est donc devenu quelque chose de très personnel.

Nous avons également vu à quel point il est difficile de définir la violence, c’est pourquoi il est difficile d’identifier son point de départ ; ainsi, chacun n’a pas le même point de vue sur un acte. C’est pourquoi il est compliqué de résoudre des conflits. Nous avons cherché en groupe une définition claire du mot « violence ». Je vous donne celle de mon groupe :

 

« violence is to influence negatively someone’s well-being in a way he/she is not comfortable with »

 

(on pourrait traduire en français : « la violence, c’est influencer négativement le bien-être d’une personne, d’une manière avec laquelle elle ne se sent pas à l’aise ». On est d’accord, c’est plus joli en anglais !)

Nous avons aussi pratiqué des exercices de communication : par exemple, compter jusqu’à vingt ensemble, sans se regarder ni communiquer. Ça a l’air simple, mais seule une personne peut dire un chiffre et il est interdit de dire deux chiffres d’affilé… (je tiens à préciser que notre groupe exceptionnel a réussi cet exercice !:p)

Enfin, nous avons pratiqué des exercices afin d’identifier le meilleur moyen d’intervenir si une agression se déroule dans la rue et que vous en êtes témoins. La meilleure des solutions n’est pas de s’attaquer aux agresseurs (de manière violente, donc) mais plutôt de détourner leur attention sans violence et sans se mettre soi-même en danger. Par exemple, secourir la victime en l’attrapant (« mais où étais-tu ! On t’attend depuis des heures… ») en ignorant totalement les agresseurs. Ou si vous pensez que le ridicule ne tue pas, mettez-vous à chanter très fort afin de distraire les agresseurs… Si vous êtes plusieurs, vous pouvez également simuler un vol de sac. Faites fonctionner votre imagination afin de trouver vos propres techniques et d’être prêt si jamais la situation se présente à vous ! Ces techniques devraient détourner l’attention des agresseurs et laisser le temps à la victime de s’enfuir.

Bref, après quelques schémas et exercices, nos yeux tout neufs sont désormais capables de reconnaître la violence, si infime soit-elle !

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Christoph est intervenu vendredi et samedi. Il a commencé par nous donner quelques chiffres afin de nous donner une idée de la situation des réfugiés : saviez-vous que 60 millions (!) de personnes cherchent à fuir leur pays ? (ces chiffres sont approximatifs, les migrations illégales étant importantes et difficiles à chiffrer.) La plupart des gens cherchant à s’enfuir viennent de Syrie, d’Afghanistan et de Somalie.

Christoph nous a ensuite montré les différentes formes d’intégration : marginalisation, séparation, adaptation et intégration. Pour vous donner une idée plus précise que ce que signifient ces mots, prenons, par exemple, un dîner auquel vous ont convié vos voisins indiens. Vous passez à table et ils ont préparé un repas traditionnel de leur pays. Le marginal retournera la table sans poser de questions : il trouve inadmissible d’être convié à manger quelque chose qui ne reflète pas sa culture. La séparation a lieu si vous allez manger chez vos voisins en apportant vos propres ingrédients. L’adaptation se fait si vous manger le plat indien, que vous n’aimez pas du tout, mais vous prétendez tout de même que c’est délicieux et en reprenez deux fois. A l’inverse de tout cela, l’intégration se fait si vous êtes francs avec vos voisins : « ok, ce que vous avez fait à manger, je ne connais pas, l’odeur ne m’attire pas du tout et le visuel me laisse perplexe, mais je vais goûter. » Si vous n’aimez pas, ajoutez-y des ingrédients que vous aimez : du sel, du poivre, du fromage … La différence entre les autres modes (marginalisation, séparation, adaptation) et l’intégration, c’est que l’on ouvre le dialogue sans rejeter. L’intégration, c’est forcer les différences à émerger afin d’ouvrir le dialogue, la communication.

Pour voir dans quelle catégorie nous nous situions (marginalisation, séparation, adaptation, intégration), nous avons fait un petit exercice : parmi 10 valeurs, nous avons du en choisir 3 et illustrer ces valeurs par des actions effectuées dans les deux dernières semaines (par exemple, j’ai choisi la solidarité : pour illustrer la solidarité, j’ai indiqué que la semaine dernière, j’ai aidé une petite mamie à attraper une boîte de conserve placée trop haut pour elle dans un supermarché.)
Ensuite, il nous fallait définir notre identité culturelle personnelle et énoncer 5 choses qui font que vous êtes vous : si on vous retire ces choses, vous n’êtes plus totalement vous. (par exemple, lire le journal du matin, votre jovialité naturelle, votre sens de l’humour, etc).

Enfin, pour le dernier jour, nous nous sommes séparés en groupes de 4 ou 5 pour discuter des activités que nous aimerions instaurer sur les chantiers avec les réfugiés afin de voir comment nous pourrions les mettre en place. Les possibilités sont nombreuses : inaugurer un espace extérieur ? Un coin café ? Un jardin coopératif ? Un atelier de cuisine ? …

***

Je retire de cette formation tous les bons conseils des formateurs : j’ai adoré les exercices de communication de Maik et les réutiliserai lors des jeux de cohésion sur les chantiers, car je pense que le travail de groupe que cela implique peut lier des gens qui ne se connaissent pas très bien. Il est aussi important de noter que mon regard sur la violence a changé, j’ai compris que ce qui n’est pas violent pour nous peut l’être pour quelqu’un d’autre. Je suis donc désormais plus attentive à mes actes et à mes paroles.

A tout cela il faut ajouter que le groupe était très hétérogène, de nombreux pays étaient représentés (Syrie, Italie, Hongrie, Autriche, Belgique, Grèce, Turquie…) et à aucun moment je ne me suis sentie jugée par rapport à mes propos ou à mon anglais quelque peu titubant ! Je ne participerai pas aux chantiers prévus à la suite à la formation (effectivement, j’ai déjà des projets pour cet été, dont un chantier, mais en France !) mais je ne doute pas du bon déroulé de ces projets. L’intention est bonne, le groupe est bon, alors les chantiers le seront forcément !

Publié le mardi 14 juin 2016 à 10:30:00

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